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Ce matin : "La France est en guerre". Ceci dit, c'est pas un scoop :
Libye : Opération Harmattan (2011)
Tchad : Opération Manta (1983 - 1984), Opération Epervier 1986-2014
Sahel (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie, Tchad, Burkina Faso) ; Opération Serval (2013-2014), Opération Barkhane (2014- en cours)
Irak : Opération Daguet 1990 - 1991, Opération Chammal (2014-en cours), 
Afghanistan : Mission Heraclès (2001-en cours), Opération Ares (2003-2007), Brigade Lafayette (2009-2012), Opération Pamir (2012 - en cours), Opération Epidote (2002 - en cours)
Centrafrique : Opération Boali (2002-2013), Opération Sangaris (2013-en cours)

Afrique de l'Ouest : Opération Corymbe (1990 - en cours)
Côte d'Ivoire : Opération Licorne (2002 - en cours)
Liban : Opération Hippocampe (1978-2006), Opération Baliste (2006), Opération Daman (2006-en cours)
Libéria : Opération Providence (2003)
RDC : Opération Artémis (2003-en cours)

La France est le 3ème producteur d'armes mondial, 
La France a vendu des armes à tous ces pays à un moment ou à un autre.
Les ennemis d'hier sont très rapidement devenus les alliés d'aujourd'hui et vice-versa (Irak, Lybie, Syrie, Talibans...)
Le Niger est le 4eme producteur mondial d'uranium (Présence Areva)
Au Mali et au Niger : pétrole (Total), Uranium (Areva)
Irak, Libye, Syrie : Pétrole (Total)
Total est d'ailleurs la première compagnie pétrolière en afrique, présente dans 43 pays africains où elle emploie 10 000 salariés et près de 50 000 collaborateurs.
Areva est présent en Afrique depuis plus de 50 ans, essentiellement au Niger, au Gabon et en Namibie.

 

QUI VEND LES ARMES ?

Au secours ! 

Il y a tellement de Charlie qu'on ne sait plus où est Charlie. Tout est Charlie, on marche dessus. Des Charlie viennent de partout. Nous sommes envahis de Charlie. Il en pleut.Chez mon boulanger même le pain est Charlie. Chez mon boucher même la viande est Charlie. Surtout la viande rouge. Il y a même de nouveaux Charlie qui déterrent la guillotine. Des Charlie dominateurs, des Charlie marchands d'armes, des Charlie Google. Stop ! N'en jetez plus. Retour à la case départ.

 

Rendez-nous nos vrais Charlie et les autres rentrez chez vous. C'est la panique. (En plus moi qui était devenu Siné me voilà devenu Charlie, c'est un comble).

 

Mais où est Charlie ? Et où sont les charlots ? Ceux qu'on n'attendait pas ?

 

C'est l' Unité sacrée des Charlie et des charlots me susurre-t-on. Depuis quand ? Et jusqu'à quand ? C'est l' Unité sacrée. Toute la pensée unique est là, resserrant les rangs, pour encadrer l' Unité sacrée. Là, pour que rien ne change. Pour bien montrer qu'ils maîtrisent la situation.

 

Quant à nous. N'oublions rien, les monstres ne tombent pas du ciel. On les fabrique. N'oublions rien. Pas d'amalgame nous dit-on. Mais ça fait plus de vingt ans que la soupe à l'amalgame est sur le feu. On en connaît tous les ingrédients. Et Charlie Hebdo les dénonçait tout autant que les obscurantismes religieux : les guerres du pétrole, les délits de faciès, les inégalités économiques et sociales, les ghettos urbanistiques ... Arrêtez la flamme, la soupe va brûler.

 

max Horde

 

On ne peut qu’être agacé (pour le moins) face à l’abjecte absolution généralisée que s’octroient médias et politiques.

Même Google « est Charlie » !

Ainsi les voila tous défenseurs des libertés, notamment celle d’expression (voir le communiqué commun des rédactions de presse !).

Ainsi nous serions tous « Charlie », même ceux qui en ont toujours attaqué les valeurs, et qui lui assènent des coups de butoirs quotidiens.

Les vendeurs d’armes à la Largardère et autres « va-t-en guerre » qui alimentent les armées de toutes couleurs pour la seule défense de leurs intérêts (et celui des économies extractivistes) se font les chantres des guerriers « antiterroristes » !

Tous unis jusqu’à Marine avec laquelle – et Sarkozy – une nouvelle France enfin réunie s’apprête à manifester… et à fêter l’arrivée du Charles De Gaulle au large des côtes du Moyen Orient (d’ici à le rebaptiser « Charlie », (pour rappel, journal non violent et antimilitariste) il n’y a plus qu’à apporter le champagne…!) , avec pour seule interrogation : « vers qui allons nous tirer ? » (car le choix est ouvert !).

C’est écœurant !

L’apolitisme émotionnel et pseudo consensuel qu’aura toujours combattu Charlie a écrasé la réaction politique salutaire qu’aurait pu avoir une vraie démocratie.

Non, « je suis Charlie », (ou le sympathique « pas d’amalgame »), parce qu’il est dénué de tout message critique (si ce n’est celui de dénoncer « l’intégrisme islamiste qui s’en prend à la liberté de la presse ») n’est pas porteur d’avenir car volontairement dénudé de tout message à destination des véritables responsables de cet ignoble massacre.

En désignant une consensuelle cible unique (qui plus, est potentiellement « étrangère » car non judéo-chrétienne), il enterre l’éveil politique qu’aurait pu susciter cet événement ; il tue une nouvelle fois les victimes de ce drame.

Nos chers disparus n’ont pas la croyance de se retourner dans leurs tombes… heureusement pour eux !

Qu’ils y soient enfin en Paix !

Pierre Lucot

Bien sûr, comme tant d'autres, « je suis Charlie », horrifié, peiné, révolté par un acte aussi lâche et d'une inhumanité sans nom. Ne vous méprenez pas sur ce que je vais partager avec vous; le but n'est pas de trouver des justifications, des excuses à ceux qui l'ont perpétré. Il est de ne pas nous laisser prendre par « l'effet loupe ». Vous savez, quand toute notre attention est focalisée sur un point précis, notre champ de vision ne perçoit plus ce qu'il y a autour et ce serait un bien piètre hommage à rendre aux victimes du journal que de ne plus être capables de voir les choses au delà de l'évènement lui-même.Si le terrorisme pratiqué par les fanatiques islamiques est indéniable, et dont d'ailleurs les principales et plus nombreuses victimes se situent au sein de leur propre peuple, une autre forme de terrorisme est à l'oeuvre dans notre monde, en permanence et infiniment plus destructeur, mais non reconnu car jamais désigné comme tel et parce que confondu à l'ordinaire du quotidien. Je veux parler du terrorisme lié à une autre idéologie, économique celle-là mais qui a pris place de religion, je veux nommer l'ultra-libéralisme. Ce terrorisme là n'a pas besoin de Kalachnikov ni d'opération commando; il tue et inflige d'immenses souffrances à des millions de personnes mais en silence, dans le plus total anonymat et la plus totale banalisation, avec pour arme l'ordinateur, la spéculation, les traités de libre échange, la dette, l'impératif de croissance, la recherche de profit financier comme seul finalité. 30.000 citoyens du monde meurent de la faim chaque jour, (5 fois les tween towers de NY) non que la nourriture manque, mais parce qu'elles n'ont pas l'argent pour l'acheter. 40 millions de personnes aux États Unis survivent grâce aux tickets repas. 150.000 personnes sont sans abri en France. 200 millions de chômeurs dans le monde, du moins répertoriés dans les statistiques, sans doute beaucoup plus. Que voulez-vous, c'est la crise! Mais nous avons la situation bien en main, assurent nos dirigeants politiques, prêtres de cette autre religion, avec une bonne cure d'austérité, croyez-nous, vous vous sentirez tout de suite mieux! Parlez-en aux Grecs...

Oui, je suis Charlie, mais je suis aussi le chômeur qu'on culpabilise et dont on rogne les indemnités, le sans abri qu'on feint de ne pas voir tant il dérange, le paysan sans terre du Brésil ou d'ailleurs, le Kogi qu'on chasse de son territoire pour y chercher du pétrole, l'esclave moderne des mines d'Afrique ou des usines du tiers monde... mais je suis aussi terre dévitalisée par les intrants chimiques, rivière empoisonnée, graine stérilisée, fonds marins dévastés, arbre déraciné, abeille désorientée, air pollué, roche fracturée... Bref, Vie niée. Faisons donc en sorte que Charlie ne soit pas récupéré, instrumentalisé par les tenants de cet autre terrorisme; prenons garde que la légitime émotion ressentie ne soit pas utilisée comme outil de manipulation des masses. Car si vous regardez dans le rétroviseur, vous verrez combien longue est la liste des attentats qui, perpétrés par une force étrangère ou orchestrés de l'intérieur même, ont été manipulés pour conduire les peuples là où ils ne voulaient pas aller. Regardez comme depuis plusieurs années, le terrorisme, la dette, la crise, sont prétexte à interventions militaires, à armement renforcé des forces policières, à répressions musclées, parfois meurtrières des mouvements citoyens contestataires, combien nos démocraties et les valeurs sur lesquelles elles prétendent s'appuyer dérivent et sont bafouées sous la pression du totalitarisme de la finance internationale et de l'idéologie ultra libérale. Alors, plus que jamais, que Charlie nous aide à garder les yeux ouverts et à ne pas nous faire les complices de ce terrorisme aveugle et institutionnalisé, tant tout est et sera fait pour nous endormir ou nous hypnotiser.

Amicalement
Philippe Derudder

La récupération politique est en marche...
De l’indignation à la haine, il n'y a qu'un pas. Encourageons les français à faire preuve d'une grande prudence. Montée de l'extrême droite, guerre de civilisation, divisions, haine du musulman, complotisme, sécuritarisme, les tentatives de récupération viendront de tous les bords sans exception.

Ainsi, rappelons-nous que l'équipe de Charlie Hebdo luttait contre toutes les formes de fanatismes idéologiques et religieux.

C'est le moment de s'armer d'un bouclier idéologique, pas seulement pour les jours à venir.
Mr Mondialisation

"Nous vomissons sur tous ces gens qui, subitement, disent être nos amis", s'emporte un des dessinateurs de Charlie Hebdo, Willem, après l'attentat contre l'hebdomadaire satirique. Dans un entretien au quotidien néerlandais Volkskrant, publié samedi 10 janvier, le dessinateur néerlandais ironise : "Nous avons beaucoup de nouveaux amis, comme le pape, la reine Elizabeth ou Poutine : ça me fait bien rire." Et il ajoute : "Marine Le Pen est ravie lorsque les islamistes se mettent à tirer un peu partout."

Les soutiens venus du monde entier "n'ont jamais vu Charlie Hebdo", accuse Willem, de son vrai nom Bernard Holtrop. "Il y a quelques années, des milliers de gens sont descendus dans les rues au Pakistan pour manifester contre Charlie Hebdo. Ils ne savaient pas ce que c'était", assure-t-il. Et il conclut : "Maintenant c'est le contraire, mais si les gens manifestent pour défendre la liberté d'expression, c'est naturellement une bonne chose."

"Que restera-t-il de ce grand élan ?"

Luz, lui, s'interroge dans un long entretien aux Inrocks, paru samedi : "Dans un an que restera-t-il de ce grand élan plutôt progressiste sur la liberté d’expression ?" Mais surtout, il dénonce le "contre-sens" fait par tous ceux qui brandissent Charlie Hebdo et ses caricatures comme un symbole de la liberté d'expression.

"On fait porter sur nos épaules une charge symbolique qui n’existe pas dans nos dessins et qui nous dépasse un peu. Je fais partie des gens qui ont du mal avec ça", confie-t-il. "Au regard du monde on est un putain de fanzine, un petit fanzine de lycéen" , proteste le dessinateur. "Ce sont des gens qui ont été assassinés, pas la liberté d’expression ! Des gens qui faisaient des petits dessins dans leur coin."

Luz est inquiet pour l'avenir du journal

"Au final, la charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé : détruire les symboles, faire tomber les tabous, mettre à plat les fantasmes, déplore-t-il. Le symbolisme au sens large, tout le monde peut en faire n’importe quoi. Même Poutine pourrait être d’accord avec une colombe de la paix." 

Luz a participé, vendredi matin, à la première conférence de rédaction de Charlie Hebdo après l'attentat. Et il s'inquiète pour l'avenir de son journal, désormais privé de ses figures historiques dépositaires de l'esprit Charlie.

Nous sommes professeurs en Seine-Saint-Denis.

Intellectuels, savants, adultes, libertaires, nous avons appris à nous passer de Dieu et à détester le pouvoir et sa jouissance perverse. Nous n’avons pas
d’autre maître que le savoir. Ce discours nous rassure, du fait de
sa cohérence supposée rationnelle, et notre statut social le
légitime. Ceux de Charlie Hebdo nous faisaient rire ; nous
partagions leurs valeurs. En cela, cet attentat nous prend pour cible.
Même si aucun d’entre nous n’a jamais eu le courage de tant
d’insolence, nous sommes meurtris. Nous sommes Charlie pour cela.

Mais faisons l’effort d’un changement de point de vue, et tâchons
de nous regarder comme nos élèves nous voient. Nous sommes bien
habillés, bien coiffés, confortablement chaussés, ou alors très
évidemment au-delà de ces contingences matérielles qui font que
nous ne bavons pas d’envie sur les objets de consommation qui font

rêver nos élèves : si nous ne les possédons pas, c’est
peut-être aussi parce que nous aurions les moyens de les posséder.
Nous partons en vacances, nous vivons au milieu des livres, nous
fréquentons des gens courtois et raffinés, élégants et cultivés.
Nous considérons comme acquis que _La Liberté guidant le peuple_ et
_Candide_ font partie du patrimoine de l’humanité. On nous dira que
l’universel est de droit et non de fait, et que de nombreux
habitants de cette planète ne connaissent pas Voltaire ? Quelle
bande d’ignares… Il est temps qu’ils entrent dans
l’Histoire : le discours de Dakar leur a déjà expliqué. Quant à
ceux qui viennent d’ailleurs et vivent parmi nous, qu’ils se
taisent et obtempèrent.

Si les crimes perpétrés par ces assassins sont odieux, ce qui est
terrible, c’est qu’ils parlent français, avec l’accent des
jeunes de banlieue. Ces deux assassins sont comme nos élèves. Le

traumatisme, pour nous, c’est aussi d’entendre cette voix, cet
accent, ces mots. Voilà ce qui nous a fait nous sentir responsables.
Évidemment, pas nous, personnellement : voilà ce que diront nos amis
qui admirent notre engagement quotidien. Mais que personne, ici, ne
vienne nous dire qu’avec tout ce que nous faisons, nous sommes
dédouanés de cette responsabilité. Nous, c’est-à-dire les
fonctionnaires d’un État défaillant, nous, les professeurs d’une
école qui a laissé ces deux-là et tant d’autres sur le bord du
chemin des valeurs républicaines, nous, citoyens français qui
passons notre temps à nous plaindre de l’augmentation des impôts,
nous contribuables qui profitons des niches fiscales quand nous le
pouvons, nous qui avons laissé l’individu l’emporter sur le
collectif, nous qui ne faisons pas de politique ou raillons ceux qui
en font, etc. : nous sommes responsables de cette situation.

Ceux de Charlie Hebdo étaient nos frères : nous les pleurons comme
tels. Leurs assassins étaient orphelins, placés en foyer : pupilles
de la nation, enfants de France. Nos enfants ont donc tué nos
frères. Tragédie. Dans quelque culture que ce soit, cela provoque ce
sentiment qui n’est jamais évoqué depuis quelques jours : la
honte.

Alors, nous disons notre honte. Honte et colère : voilà une
situation psychologique bien plus inconfortable que chagrin et
colère. Si on a du chagrin et de la colère, on peut accuser les
autres. Mais comment faire quand on a honte et qu’on est en colère
contre les assassins, mais aussi contre soi ?

Personne, dans les médias, ne dit cette honte. Personne ne semble
vouloir en assumer la responsabilité. Celle d’un État qui laisse
des imbéciles et des psychotiques croupir en prison et devenir le
jouet des pervers manipulateurs, celle d’une école qu’on prive de
moyens et de soutien, celle d’une politique de la ville qui parque
les esclaves (sans papiers, sans carte d’électeur, sans nom, sans
dents) dans des cloaques de banlieue. Celle d’une classe politique
qui n’a pas compris que la vertu ne s’enseigne que par
l’exemple.

Intellectuels, penseurs, universitaires, artistes, journalistes :
nous avons vu mourir des hommes qui étaient des nôtres. Ceux qui les
ont tués sont enfants de France. Alors, ouvrons les yeux sur la
situation, pour comprendre comment on en arrive là, pour agir et
construire une société laïque et cultivée, plus juste, plus libre,
plus égale, plus fraternelle.

« Nous sommes Charlie », peut-on porter au revers. Mais
s’affirmer dans la solidarité avec les victimes ne nous exemptera
pas de la responsabilité collective de ce meurtre. Nous sommes aussi

les parents de trois assassins.

Catherine Robert, Isabelle Richer, Valérie Louys et Damien Boussard

 


 



 

Siné mensuel  Janvier 2015 paru avant les évènements tragiques de Charlie Hebdo. 

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